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esprit-tubal

Histoires de pêche.

S'incliner devant la nature.

7h. Invité la veille, j'arrive sur le quai de St-Cyprien où je rejoins mes amis du Lady-Anh pour la dernière journée de pêche du Challenge du Roussillon. La mauvaise météo d'hier nous oblige à patienter au port jusqu'à 8h, le temps de discuter autour d'un café avec les autres équipages avant de partir.

 

9h. Le mouillage est en place, Benjamin place les 2 cannes (Kikouyou et Poupette of Lady Anh) , Marjorie débute le broumé. Le vent est faible mais la mer est encore agitée. Plusieurs bateaux sont présents dans les environs. Trois jours plus tôt, 4 départs ont été compté sur le Lady-Anh dans cette zone, tous les espoirs sont permis ! Il est presque 10h quand Marjo me demande de la relayer. 

 

10h. Je suis au broumé quand Benji me signale : "3 points au sondeur dans le fond, fais nous monter ça !" Je continue à amorcer en regardant les cannes qui suivent tranquillement le mouvement de la houle. Soudain, je vois le fil de celle de gauche se tendre brusquement. Le scion se plie, je me fige ... le temps semble s'arêter ... ... ... ... puis le chant du moulinet me ramène à la réalité, C'EST PARTI !!!!!!!!!!!!!!!!!

Branle-bas de combat sur le bateau. Ben se jette à l'avant pour balancer le mouillage, Marjo commence à ramener la deuxième canne, Bernard démarre les moteurs, et je me précipite à l'intérieur pour attraper le baudrier. En quelques secondes, me voilà en contact avec le poisson qui continue son incroyable rush. 

C'est parti pour Lady Anh !

C'est parti pour Lady Anh !

Le bras de fer commence. Le poisson est loin, je débute la récupération en essayant de m'économiser pour la suite. Environ 30 minutes plus tard, le voilà à l'aplomb du bateau. C'est là que le plus dur commence. Il est très puissant, le frein ne suffit pas à le contenir, j'agrippe mes doigts à la bobine après chaque tour de manivelle pour conserver le moindre centimètre de fil.

11h. Nous sommes autour de l'heure de combat quand Ben, placé sur la plage arrière, voit le thon pour la première fois. Il se retourne sans un mot et je comprends à son regard que c'est un très beau poisson. Je m'en doutais déjà un peu. Sans m'en rendre compte car le temps pour moi s'est arrêté au moment du départ, je suis en train de vivre mon combat le plus long. Mon duel le plus difficile jusqu'à aujourd'hui date de 2012, déjà sur Lady Anh, avec un thon de 90kg en 45 minutes.

Mon plus dur combat jusqu'à aujourd'hui.

Le poisson est à une quinzaine de mètres de la surface, il nage en effectuant de larges cercles, m'entraînant de droite à gauche. Bernard se tient à la barre et ajuste la position du bateau pour éviter que le thon ne passe dessous ou à l'avant. Petit à petit, j'arrive à le remonter, Ben est à l'arrière, gaffe en main. Il ne reste que quelques tours de manivelle avant que le poisson ne soit à portée. Soudain, il change de direction, le fil fuse vers la surface.. Je crie : IL VA SAUTER !!!!. Tous stupéfaits, on l'observe percer la surface, il sort sa tête de l'eau, son oeil énorme dirigé vers nous. WOUUUUUH !!!!! Quel poisson ! Le temps de réaliser, il est déjà reparti, dans un rush impressionnant, inarrêtable, il regagne une centaine de mètres.

Je commence à ressentir des signes de fatigue, et j'ai pris un gros coup au moral sur ce dernier rush. Il se passe une vingtaine de minutes sans que je reprenne le moindre centimètre de fil. Au contraire, le nylon continue à s'échapper sans relâche. Je mouline dans le vide, mes doigts, toujours sur la bobine, commencent à tétaniser. Le poisson maintient une tension constante et maximale sans donner de signes de faiblesse. Je me sens impuissant. Je me retourne vers benji : "Qu'est ce qu'on fait ?" Il me répond en essayant de me piquer au vif "Tu veux que j'aille chercher le couteau ??". C'est bien la première fois que l'idée d'abandonner un combat me traverse l'esprit. J'essaie alors de temporiser. Marjorie m'aide à enfiler des gants. J'arrive à trouver un position qui me permet de stopper la progression du poisson et de maintenir une grosse pression sur ce dernier. Je suis maintenant à l'affût du moindre relâchement de mon adversaire.

Cela devient très compliqué.
Cela devient très compliqué.

Cela devient très compliqué.

12h. Les deux heures de combat sont proches. Le poisson est à nouveau à l'aplomb du bateau. Je sais que je ne tiendrais pas beaucoup plus longtemps. Je décide de tout y mettre. La tramontane s'est renforcée et la mer bouge de plus en plus. Marjo doit me maintenir par le baudrier par sécurité. De nouveau, le thon arrive à une dizaine de mètres, mais je cale complètement. Ben décide de prendre les choses en mains, toujours sur la plage arrière, il attrape le fil et m'aide à remonter l'animal. De toute façon, on n'a plus le choix. Petit à petit, il se rapproche, je donne tout ce qu'il me reste. Il est tout proche. Bernard nous rejoint et attrape la gaffe. Encore un effort, il est à 2-3 mètres de nous. Je jette mes dernières forces, on arrive à quelques centimètres du bas de ligne ... CASSÉ !!!!

Moment de silence sur le bateau. Je me détache tant bien que mal de la canne et je pose un genou au sol, épuisé. Incroyable poisson...

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