Mamie Mutton.

11/05/2019 09:39

Depuis un mois environ vous avons plus ou moins adopté une nouvelle stratégie avec Paul. En effet, lui cherche les poissons au leurre dur principalement et moi je pêche avec du matériel ultra léger et des petits leurres souples pour attraper les "petits" poissons. Cela me convient car depuis un certain temps je ne m'amusais plus beaucoup, les bredouilles et le vent pesaient sur mon moral et sur ma motivation à aller à la pêche.

Cette technique me divertie beaucoup plus et me pousse à réfléchir sur la structure des fonds marins que nous traversons.

Le mois précédent nous avons fait une sortie où Paul avait sortie une magnifique carangue et moi un bon nombre de pagres et un joli bone fish. Nous décidons en cette fin de semaine de revenir titiller les poissons dans une zone similaire sur notre super kayak gonflable.

Pas de chasse, pas d'oiseau qui plonge sur le chemin entre deux îlets mais nous continuons notre route et arrivons à notre premier point de prospection.

Le vent souffle très fort, je ne suis pas très concentrée, un peu soûlée par ces conditions qui ne changent pas et par le fait que nous devons beaucoup ramer pour au final dériver rapidement. Paul lui reste motivé, je décide d'arrêter de ruminer et d’essayer de pêcher correctement, histoire que cette sortie qui s'annonce galère ne se solde pas non plus par une bredouille.

Nous avons deux options pour freiner notre kayak, l'ancre flottante artisanale ou l'ancre de fond classique. Ce jour là l'ancre flottante ne freine pas assez notre dérive, ainsi Paul décide de nous ancrer au fond puis de nous laisser dériver puis de nous ancrer, ... . Nous nous déplaçons petit à petit en nous rapprochant délicatement du bord.

Nous tentons de comprendre les fonds, Paul change de leurre dur et moi de grammage de tête plombée lorsque nous passons au dessus d'un banc de sable, cela n'y fera rien, toujours pas de poisson en vu.

Nous passons ensuite sur une zone plus profonde, il est encore temps d'adapter notre matériel. Cela semble fonctionner, je prend une belle touche, le poisson me prend un peu de fil, ça tire sur ma canne, un joli pagre se dévoile. Paul me fait remarquer que c'est le plus joli pagre que nous ayons pris depuis notre arrivée dans les caraïbes. Heureuse d'apprendre que j'ai battu notre petit record je me remets en pêche.

S'en suit un combat raccourcit par une casse. Un barracuda?... Nous ne sauront jamais, cependant le bas de ligne est coupé net, quelqu'un a scié mon nylon avec sa dent tranchante.

Je continue mes prises, avec maintenant, un combat plutôt sympa, cela me semble être un joli pagre, mais le poisson doit vouloir me prouver que c'est lui qui décide et qu'il est plus gros que je ne le pense. En effet, ce dernier fait un gros rush sous le kayak, la deuxième casse ne se fait pas attendre... Et TOC.

Je sors ensuite une nouvelle espèce de poisson, une jolie petite gorette.

Paul se met à pêcher au leurre souple et tombe sur un joli banc de carangues. Il s'amuse et en fait deux. Il me dit de lancer juste à coté de la où il a eu ses touches. Je n'ai pas trop envie de lancer derrière le kayak, sachant qu'en ramenant j'aurai la corde de l'ancre à éviter et que j'ai assez fait de bêtises pour aujourd'hui. Je balance mon leurre, le ramène à deux reprises et prends deux tapes.

Paul m'incite à lancer à nouveau. Je m'exécute donc, il est souvent de bon conseils mon partenaire de pêche alors je suis. Et là... je sens une grosse tape, mon moulinet s'emballe. Le poisson prend beaucoup de fil et ne semble pas vouloir s’arrêter. Paul relève alors l'ancre, et c'est parti pour la course au poisson. Mon binôme prend les rames et nous amène dans la direction de ce qui semble être un joli spécimen. Une carangue ? Un pagre ? On ne sait pas mais on ne veut surtout pas le perdre. On réussi à arriver au niveau du poisson, une grosse pression s'exerce sur la canne, elle presque pliée en deux, j'essaie de garder la tension, assez pour ne pas qu'il se décroche mais pas trop pour ne pas que la ligne casse. Paul et moi avons toujours en tête que je pêche avec du matériel léger et que je peux facilement casser sur un gros poisson.

Je sens qu'il n'est pas prêt de se rendre, Paul sort le portable pour filmer le combat... Et... c'est reparti, le moulinet chante de plus belle, mon binôme reprend les rames et on le suit. Au bout d'une dizaine de minutes la bête semble fatiguée, elle se laisse remonter. Je prends mon temps car la tension dans la canne est maximale et je ne voudrais pas tout gâcher.

Au bout de ces quelques secondes qui m'ont semblé être des minutes le poisson se montre enfin et là... c'est la panique. Un énorme pagre fait surface. Je hurle à Paul de prendre l'épuisette, lui comme moi a le souffle coupé. Je l'approche délicatement de l'épuisette. Même sans combattre, le poisson est très lourd. Nous sommes totalement synchronisés, le poisson plonge dans l'épuisette... Nous hurlons!!!!!! YOUHOUUUUUU... On n'en revient pas.

Nous nous reconcentrons rapidement, nous sommes assez loin du bord et nous voulons absolument le mettre au sec dans un endroit où nous pourrons faire de belles photo et le remettre à l'eau facilement.

Paul maintien le poisson dans l'eau avec l'épuisette et moi je rame comme une dératée jusqu'à la première plage en vue.

Nous laissons le kayak au bord et admirons ce magnifique spécimen. Il est parfaitement proportionné. Je tente de le porter à bout de bras pour faire les photos, le pagre est très lourd, il doit peser un peu plus d'une dizaine de kilos. Une fois les photos et vidéos faites nous mesurons le poisson, c'est un joli Mutton de 85 cm.

Une prise exceptionnelle et inespérée !